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| Rupture ou continuité ?
Consultons Michel Nicolas (Histoire du Mouvement Breton) : « REORIENTATION Les jeunes qui adhèrent au M.O.B. à partir de 1957 y viennent pour la plupart sur la base sentimentale et nationaliste que la fréquentation des cercles celtiques et des milieux culturels bretons en général, leur a donné. Cette première génération politique de laprès-guerre découvre le militantisme breton dans un milieu intellectuel façonné par les anciens , dans un contexte économique et social dominé par lunion autour du C.E.L.I.B., et par un environnement politique caractérisé par un changement de régime allié à un redéploiement des forces politiques. La croissance de la gauche y apparaît bientôt comme le seul recours à lunilatéralité du pouvoir. Il faut ajouter à cela un contexte international caractérisé en Europe par les espoirs de destruction des vieilles structures jacobines que fait naître le nouveau pas dans la construction européenne symbolisé par la signature du traité de Rome ( ). Le discours régionaliste, jusque-là confiné dans les milieux les plus conservateurs, change de camp, saffirme et saffine au sein de la gauche jusque-là si réticente ( ) ; et voilà précisément quen Bretagne même, pour la première fois dans son histoire, tous les partis, syndicats professionnels ou association culturelles de gauche se réunissent fin 1963 pour constituer le C.A.B., le Comité dAction pour la Bretagne. ( ) Si la situation est claire, le choix ne lest pas moins : il faut participer au C.A.B., quitte à garder au feu le fer du C.E.L.I.B. Cest ce que décide le M.O.B. : Plus que jamais les Bretons, tous les Bretons, doivent continuer à se regrouper, à sunir autour du M.O.B., du C.A.B. et du C.E.L.I.B. afin de mieux faire entendre la voix du pays ( LAvenir de la Bretagne , n°85, 5 octobre 1963). Mais il se heurte à une fin de non-recevoir, la résolution de lassemblée constitutive du C.A.B. disposant ( ) Le comité écarte donc les organisations, mouvements ou partis à caractère fasciste ( ) ( ) Il devient clair à leurs yeux que lorganisation à laquelle ils appartiennent est condamnées à aller à rebours de lhistoire de lEmsav. Lavenir leur apparaît sans aucune équivoque possible lié aux organisations de gauche et il sagit cette fois de ne pas rater le train de lhistoire. ( ) » 188 Notons que le M.O.B. de Yann Fouéré serait donc qualifié comme "organisation à caractère fasciste". A ce moment précis intervient la création de lUDB (« Union Démocratique Bretonne »).
« La seule raison du virage à gauche qui est une valeur politique na, curieusement, jamais été évoquée. Il se trouvait qu en face dun gouvernement gaulliste haï et une succession de gouvernements de droite anti-bretons sur toutes les coutures, lemsaw avait la gauche comme alliée naturelle. Supposons un gouvernement de gauche ne donnant pas satisfaction aux revendications bretonnes et automatiquement lemsaw regarde vers lopposition, cest-à-dire la droite, ne serait-ce que par réflexe tactique » 189 Il est bon que Mordrelle se fasse lécho des discussions auxquelles il a participé. 188 Michel Nicolas, Histoire du Mouvement Breton, p 299-307
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