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Le thème « Bretagne = colonie » est présenté comme concrétisant la rupture avec le « Mouvement Breton » nazi :
« Enfin, si lindépendantisme est catégoriquement exclu pour la Bretagne, Le Peuple Breton adopte en revanche sur le problème de la décolonisation un point de vue nouveau, soulignant le droit à lémancipation des peuples coloniaux. Bien que sautorisant une comparaison avec la Bretagne, on ne va certes pas jusquà réclamer lindépendance pour celle-ci. La question coloniale instille malgré tout une fermentation intellectuelle encourageant le moment venu une revendication de cette nature : Cest dun point de vue strictement breton que nous devons examiner chaque problème, quil soit de politique intérieure ou de politique extérieure. Les problèmes coloniaux doivent être notamment reconsidérés par la plupart des militants bretons.
Nous nentendons pas assimiler, pour autant, le problème breton aux problèmes nord-africain, vietnamien ou malgache, ni réclamer pour la Bretagne toutes les libertés qui doivent revenir à ces peuples. Les questions sont différentes dans la Métropole et dans lUnion Française, mais il existe dindéniables ressemblances, sur le terrain culturel autant qu administratif, entre les peuples coloniaux défendant leur indépendance nationale et le peuple breton aux prises avec la centralisation, et jaloux de son particularisme. (Le Peuple Breton n° 1, octobre 1948) » 126
« Miné par le conflit algérien, lÉtat français paraît singulièrement vulnérable à la fin de la IVe République. La loi-cadre pour lAlgérie est adoptée le 31 janvier 1958, et certains militants se plaisent à y discerner un recul du pouvoir, en même temps que lopportunité de briguer pour la Bretagne un statut dautant plus acceptable quil serait plus modéré :
Limportance réelle et profonde de la loi-cadre pour lAlgérie vient de ce quelle modifie le structure constitutionnelle de la France. Elle est une première brèche dans le dogme de lunité et de lindivisibilité du gouvernement, de lAdministration et de lÉtat, dogme intangible sur lequel a reposé la vie politique et la structure administrative de la France depuis 1793. Au cours des dernières années, on nous a répétés sur tous les tons que lAlgérie était aussi française que la Bretagne. En vertu du même principe, nous sommes donc en droit de demander que les Français de Bretagne soient traités sur un plan dégalité avec les Français dAlgérie et que les libertés politiques et administratives qui viennent dêtre accordées et garanties aux Algériens soient également accordées et garanties aux Bretons. (LAvenir de la Bretagne, n°4, avril 1958) » 127
Doù la souvent citée brochure-programme de lUDB : « Bretagne = Colonie », qui est sa « base théorique ». Originale ?
Mais que lit-on dans Breiz Atao ?
« Par le Fer et par le Feu
Beaucoup de personnes sétonnent de lattitude de Breiz Atao parce quelles ne comprennent pas et ne reconnaissent pas que la Bretagne soit opprimée. ( )
Nous sommes opprimés parce quau lieu de nous gouverner nous-mêmes, nous sommes gouvernés par des étrangers à notre Pays. ( )
Les Africains du Nord, animés par ce grand souffle moderne qui veut quaucun peuple ne soit lesclave dun autre, revendiquent leur autonomie. La répression ne sest pas faite attendre ( )
En Indochine, la même politique de la matraque et de la calomnie ( )
J. La B. » 128
« J. La B. » est « Jean la Bénélais », pseudonyme de Mordrelle qui fait cet éditorial dans le numéro 1 de Breiz Atao, quand le Parti Autonomiste Breton (PAB) vient dêtre fondé
Peut-on qualifier cet article du maurrassien, puis nazi Mordrelle, autrement que de démagogie fasciste ?
126 Michel Nicolas, Le séparatisme en Bretagne, p 169
127 Michel Nicolas, Le séparatisme en Bretagne, p 173
128 Breiz Atao n° 1 (PAB), 01/09/1927
Voir également LHeure Bretonne, n° 16, 27/10/1940" La Bretagne colonisée, les paysans bretons traités d'incapables (
) C'est une véritable colonisation, de ces étendues désertiques en certains points, qui va être entreprise. (
) L'idée du Gouvernement central français a toujours été de nous ' assimiler ', c'est-à-dire de nous niveler à son profit, de nous faire abandonner ce que nous aimons pour ce que les Français aiment, de détruire tout ce qui n'est pas leur civilisation et leur bénéfice. Pour cela, tous les moyens de brassage sont bons : envoi de conscrits hors de Bretagne ; obligation pour nos hommes, par faute d'équipement de notre pays, de s'expatrier ; invasion de fonctionnaires et de commerçants français, etc... (
) Qu'il s'agisse de la terre ou de la jeunesse, nous n'admettons pas qu'on nous prenne, ni comme colonie, ni comme dépotoir. "
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