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Pour une hermine sans croix gammée ?
Il s’agit du récent livre de
Georges
Cadiou « L’Hermine et la croix gammée ». L’auteur
est journaliste, grand reporter à
Radio France-Bleue Breiz Izel.
Il écrit p. 8 :
« [ Il faut ] tout dire sur cette période sans rien cacher,
notamment aux jeunes générations…Il faut donc tout dire de la dérive
nationaliste des années 1930-1940….montrer comment les nationalistes bretons ont
été, à leur niveau, pourvoyeurs de résistants pour les caves de torture de la
Gestapo, laquelle rémunérait nombre d’entre eux, comment ils ont dénoncé de
vrais patriotes, ceux-là, qui sont partis pour les camps de concentration en
Allemagne et dont beaucoup ne sont pas revenus, comment des militants du PNB ont
endossé l’uniforme nazi pour combattre les maquis, participer aux représailles
allemandes, aux tortures et aux exécutions ! »
Enfin !
Mais, quand on lit attentivement Cadiou
on voit que la dénonciation des dérives nationalistes des temps d’occupation,
n’a pour but que d’abandonner ce qui ne peut plus être caché.
Le nationalisme que prône Cadiou se refait ainsi une
virginité à bon compte.
Et sous la paille de ces mea culpa, de ses pétitions de
bonne conduite, on devine les éternels lieux communs des nationalistes
bretons de toutes les époques :
[ citations p. 20 et 21 ]
« Royaume, puis duché indépendant jusqu’au traité d’union dite
perpétuelle de 1532, la Bretagne bénéficia jusqu’à la révolution française de
1789 d’un statut privilégié… »
"Statut (si) privlégié" ....qui était aux dires de l'observateur et sociologue anglais Arthur Young, le plus exécrable du Royaume de France !
Où l’auteur va-t-il puiser ses sources ?
Qu’il relise donc le compte-rendu de la séance de la nuit du
4 août 89 et l’intervention des députés bretons du Tiers Etat, les seuls de la
province présents, puisque la Noblesse et le Clergé bretons avaient refusé
d’envoyer des députés à Versailles, redoutant ce qui allait arriver :
l’abolition de leurs statuts de privilégiés.
Qu’il relise les interventions éclairantes des délégués de
la Fédération des Municipalités de Pontivy en février 1790 !
« La bourrasque
révolutionnaire,
poursuit Cadiou, changea la donne. Sur l’autel d’une démocratie
naissante et des grands principes de liberté individuelle qui nous régissent
encore aujourd’hui, [on devine son regret qu’il en soit ainsi : la société d’avant les
Droits de l’Homme ne reconnaissait que les droits communautaires ]…..
l’entité Bretagne, comme les autres provinces, fut sacrifiée, divisée en cinq
départements…, fondue dans une nation présentée comme un modèle aux autres
peuples…. »
"L'entité bretonne fut sacrifiée
" ! Manifestement cet auteur n'est jamais remonté aux sources.
Sait-il par exemple que la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 fut initiée
par les Bretons ? Que lorsque les délégués de Bretagne furent annoncés à
Versailles les Parisiens se portèrent à leur rencontre, voyant en eux les
« Hérauts de la Nation », eux qui avec le Club breton, devenu le Club des
Jacobins, avaient mérité le surnom combien évocateur de « Grenadiers des États
Généraux »
Cadiou dénonce vigoureusement la
« francisation soutenue au plan linguistique par l’intermédiaire de l’école
et de l’armée ».
« …il y
aurait une étude à faire sur le phénomène de frustration nationale qu’est la
Bretagne. »
Comme on le voit, Diwan est en terrain de connaissance.
Diwan Morbihan et Diwan Pondi signaient le 4
mars dernier, aux côtés d’autres organisations autonomistes comme Stourm ar
Brezhoneg une protestation contre le rassemblement à l’appel de la Libre
Pensée, devant la colonne de la Fédération bretonne-angevine de Pontivy,
partiellement détruite par un attentat autonomiste à la dynamite le 18 décembre
1938.
« Il y a deux siècles ceux qui ne
marchaient pas droit étaient exécutés » dénonce cette déclaration,
ramenant ainsi la Révolution française à un sanguinaire et minable règlement de
comptes.
Nul n’en doute : la Révolution française a déterminé à
jamais deux camps. Celui de ceux qui la condamnent, celui de ceux qui la
considèrent comme une avancée exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité.
Chacun, aujourd’hui comme hier, choisit son camp.
Le nationalisme « soft » que certains nous promettent reste
fidèle à ses thèmes : la revendication autonomiste se nourrit de la Bretagne
historique travestie et idéalisée, de l’hostilité à la Révolution française et
aux Jacobins et d’une défiance persistante à l’égard de la République.
Et les vieux démons ne sont pas loin. |
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